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Oyiwen ed tanemert_______Page mise à jour le 7 mars 2018 vers 06h50 TUC    

À  propos  de  L'Assommoir  :  chronologie  interne,  cartes  et  quelques  autres  choses


Cette section du site se compose de quatre parties :


Chronologie interne

Sommaire du tableau
 Introduction / légende    
Chapitre IerChapitre IIChapitre IIIChapitre IVChapitre V
Chapitre VIChapitre VIIChapitre VIIIChapitre IXChapitre X
Chapitre XIChapitre XIIChapitre XIII 
 Notes 
Annexe Iliste des personnages classés par date de naissance
Annexe IIhistoire[s] et Histoire
Annexe IIILa semaine des peu de jeudis
Annexe IVAnnus horribilis
Annexe VLe coin du chronopathe : quand est née Anna ?
Annexe VIDeux cas de tic onomastique
Annexe VIIun seul être vous manque
Annexe VIIIVous ici ?
Annexe IXD. I. L.

Introduction

Que les faits soient réels ou imaginaires, tout texte narratif comporte diverses informations chronologiques permettant, à la lecture, d'en suivre l'enchaînement. Ces informations peuvent être réduites au strict minimum comme dans le récit de César Veni, vidi, vici  (degré zéro, puisque seuls les faits eux-mêmes sont explicités) mais, le plus souvent, elles forment un ensemnle plus développé dont les éléments peuvent être répartis en trois groupes :

Chaque texte narratif peut donc se caractériser par la fréquence et le type de ses informations chronologiques ; deux exemples succincts – mais moins expéditifs que le résumé de César, et plus proches de Zola :

  Le Horla, dont chaque épisode commence par la date, du 8 mai au 10 septembre, avec parfois :
______des précisions supplémentaires : 10 heures du soir, jusqu'à une heure du matin, au bout de quatre minutes ;
  l'histoire de la Chèvre de monsieur Seguin, dont les quelques informations chronologiques sont du genre
______un beau matin, cette fois, de temps en temps, un jour.

Avec plus ou moins de précision, ces renseignements permettent de déterminer la chronologie du texte, et il en va bien sûr de même pour L'Assommoir, où ces indications sont relativement nombreuses. Mais pourquoi avoir précisé interne  dans le titre de cette page ? C'est que, pour ce roman (comme pour les autres livres des Rougon-Macquart, et mutatis mutandis, pour d'autres auteurs, à l'occasion), la chronologie fournie par le texte peut être confirmée, complétée ou contredite par des informations provenant de trois autres sources :

  1. les autres ouvrages de la série des Rougon-Macquart, justement,
    ______en particulier La Fortune des Rougon, Le Ventre de Paris, Nana, Germinal  et La Bête humaine  ;
  2. des documents rédigés (et parfois publiés) par Zola pour préparer ou, à l'inverse, synthétiser son œuvre ; on peut citer notamment
    •  parmi les premiers, l'Ébauche  et le Plan complet  (une page de ce site  [⇒] leur est d'ailleurs consacrée) ;
    •  pour les autres, deux tableaux, mélangeant arbre généalogique et fiches individuelles : le premier publié en 1878 mais ensuite complété de la main de Zola (on peut en trouver la reproduction dans la page de Wikipédia  consacrée aux Rougon-Macquart ) ; le deuxième publié en 1893 à la suite du texte du Docteur Pascal  ;
  3. d'autres études sur L'Assommoir  ou Les Rougon-Macquart, comme ce ruban chronologique  [⇒] regroupant l'ensemble des romans (mais s'arrêtant en 1856 pour L'Assommoir ) ou le blog de Bertrand  [⇒] qui présente un diagramme chronologique de plusieurs romans, dont L'Assommoir  (voir la note   (30) ).

Le principe suivi ici est le même que pour Le Cauchemar d'Innsmouth  [⇒] : établir la chronologie à partir du texte (d'où le qualificatif de chronologie interne ) ; ensuite, quand une source externe croise cette chronologie interne, une note en rend compte. L'annexe V détaille un exemple qui peut éclairer ce choix.

Pour en revenir au texte lui-même, il offre un éventail d'indications quasiment complet, que le tableau suivant présente en les classant par type et par durée :


indications… HeureJourMoisAnnée
absoluesprécisesil était dix heuresle samedi 29 juillet 
vaguesvers cinq heuresun samedi à chaque printemps 
relativesprécisespendant deux
      mortelles heures
Huit jours plus tard,au bout de deux moisTrois années
      se passèrent
vaguesDes heures encore
      passèrent
les jours suivantsGervaise dura ainsi
      pendant des mois
depuis des années

Comme on peut le voir, tous les cas de figure se rencontrent, à l'exception de l'année absolue  [*] , ce qui empêcherait normalement d'ancrer la chronologie du roman dans l'Histoire ; heureusement, à ces informations explicites s'en ajoutent d'autres, plus indirectes :

  1. les dialogues ; ainsi, dans le chapitre Ier, la seule indication de mois tient dans une remarque de Coupeau à Gervaise :
        Quel joli mois de mai !
  2. les mentions d'âge ; ce n'est sans doute pas un hasard si Zola indique quasiment à tout coup l'âge du personnage qu'il introduit (même M. Marescot ou Zidore y ont droit) : ces mentions permettent ensuite de suivre la chronologie des années, avec cependant deux limites :
      le calcul comporte une zone d'incertitude, d'ailleurs variable [**] ;
      la chronologie reste relative, tant qu'on n'a pas de date de naissance absolue ; or Zola n'en fournit aucune, comme on vient de le voir.
  3. Le dernier élément à prendre en compte est beaucoup plus rare, mais essentiel pour ce travail : on trouve dans le roman deux scènes où l'histoire des personnages de l'Assommoir  croise la grande Histoire : d'abord, un échange entre M. Madinier et Bibi-la-Grillade (voir la note  (5)) ; ensuite, la présence de Goujet et Coupeau dans une manifestation (voir la note  (8)) ; si elles sont limitées et sans importance majeure pour les personnages, ces rencontres entre leur histoire et l'Histoire permettent d'ancrer la chronologie relative dans une datation absolue ; ainsi, l'année où Anna Coupeau est née fin avril, quasiment un an après la première page du roman, n'est plus l'année N + 1, mais celle du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte - 1851.

[*]  q  on trouve bien deux années en chiffres, mais elles n'ont pas d'intérêt pour la chronologie ; ce sont deux évocations du passé lors du repas de noce, l'une par mademoiselle Remanjou (1817), l'autre par Lorilleux (1820) ; on peut observer que Nana  ou Germinal  présentent la même absence de date absolue, alors que d'autres romans comme La Fortune des Rougon  ou Au Bonheur des Dames  ont des dates chiffrées, au moins pour certains faits du récit ;
w  en fait, Zola a bel et bien gommé les années absolues, qui figuraient encore dans la dernière verion du Plan complet  préparatoire (le plus souvent isolées en tête de chapitre) ; on peut noter que les dates de la chronologie interne  ne s'en éloignent jamais beaucoup ;
e  en dehors des Rougon-Macquart, on retrouve ce voile jeté sur l'année dans nombre de romans comme chez E. A. Poe, au début de La lettre volée  (dans la traduction de Charles Baudelaire) :
J'étais à Paris en 18... Après une sombre et orageuse soirée  […]
ou dans l'incipit du Grand Meaulnes  cité plus haut.
[**]  q  cette incertitude est essentiellement due au jeu entre le mois de l'année considérée (pas toujours connu avec précision) et le mois de naissance (inconnu, le plus souvent) ; c'est pourquoi on trouvera dans les info-bulles la mention e  ≈  1846  (à comprendre comme en 1846 ou peut-être fin 1845 ). L'incertitude ne diminue que pour les personnages dont on connaît la date de naissance exacte (maman Coupeau, Nana et Lorilleux) ;
w  la section Personnages du dossier préparatoire  contient l'année de naissance de chacune ; quand cette indication diverge de ce que l'on peut lire dans le roman (par exemple pour Lorilleux), une note de l'annexe I le précise.

Légendecolonne de gauche   colonnes   de droite
Gervaise à sa fenêtrerésumé de l'action ou de la situationavril…juin= durée (avril + mai + juin)
Quand Gervaise s'éveillaextrait du texte - récitavril~juin= fourchette (avril ou mai ou juin)
Quel joli mois de mai !extrait du texte - dialogue retour en arrière
Étienne, âgé de quatre ansindication d'âge d'un personnage [*] même date que la case précédente
Huit heuresdurée  du chapitre 1850date à inférer de la suite  [**]

[*]  placer la souris sur le nom pour afficher la date de naissance

 [**]  placer la souris sur la case pour afficher la date

 
  Chapitre Ier____________Huit heuresHeureJourMoisAnnée N°
 Gervaise, à sa fenêtre, attend le retour de Lantier
       [retour en arrière]   jusqu'à deux heures du matin. Puis […]
       Quand Gervaise s'éveilla vers cinq heures
       Claude, qui avait huit ans [...]
       Étienne, âgé de quatre ans seulement

nuit
~ 5
  mai
 
 
 
 
1850
 
 
 
 
  1
       l'hôpital de Lariboisière, alors en construction    1846…
 1853
  2
 Visite de Coupeau
       quel joli mois de mai !   (1)
  début mai1850

  3
       l'autre jour, quand on a voté pour Eugène Sue   (2)    1849~
 1850
  4
 Retour de Lantier
       jusqu'à huit heures
       il resta ainsi près d'une heure
       {Auguste Lantier} C'était un garçon de vingt-six ans
       Gervaise n'avait que vingt-deux ans
8…9 
 
1850
 
 
 
 
  5
 Gervaise revient du Mont-de-Piété
       au bout d'une demi-heure  (3)
~9h30 
 
1850
 
  6
 Gervaise part au lavoir
       Il était dix heures
10 
 
1850
 
  7
 Conversation avec madame Boche
       Onze heures sonnaient.
… 11… 
 
1850
 
  8
 Gervaise quitte le lavoir après la bagarre avec Virginie
       C'est deux heures, ça fait deux sous
12 
 
1850
 
  9
 Revenue dans la chambre, elle constate le départ définitif de Lantier
       le pavé échauffé […] allumait une réverbération ardente
~13 
 
1850
 
 10
  Chapitre II____________Deux à trois mois
 Gervaise et Coupeau attablés à l'Assommoir
       Trois semaines plus tard, vers onze heures et demie
        Un gros homme de quarante ans,le père Colombe
       {Coupeau} gardait la peau encore tendre de ses vingt-six ans
11h30milieu~fin mai1850
 
 
 
  1
 Gervaise accompagne Coupeau au bas de la maison des Lorilleux
       avant de retourner au chantier
       {Maman C.} avait eu ses soixante-deux ans le 3 du mois dernier
       L'une de ses sœurs, madame Lerat, une veuve de trente-six ans
       L'autre {madame Lorilleux}, âgée de trente ans,
12  1850
 
 
 
 
  2
 Coupeau fait sa cour à Gervaise
       Pendant un mois
       Vers les derniers jours de juin
       un mardi soir, […] vers onze heures

 
 
23

 
 
 un mardi

 juin
 fin juin
1850
 
 
 
  3
 Gervaise accompagne Coupeau chez les Lorilleux
       Un samedi soir […] à huit heures et demie […] soirée de juin
       {Lorilleux} Le mari, d’une année plus âgé seulement,
Coupeau annonce son mariage
       La noce aura lieu le samedi 29 juillet   (4)
20h30un
samedi
 1850
 
 
 
 
  4
  Chapitre III____________Quelques jours
 Gervaise et Coupeau préparent leur mariage
       Dès que le mariage fut décidé,
       Enfin, le vendredi soir, la veille […] jusqu'à onze heures

 
…23

 
 28
 juillet1850
 
 
  1
 Mariage de Gervaise et Coupeau
       Le samedi matin
  samedi
 29
 juillet1850
 
  2
   - à la mairie
       pour dix heures et demie […] seulement vers onze heures
 10h30
 

 
1850
 
  3
   - à l'église
       midi avait sonné
12
 

 
1850
 
  4
   - au Moulin-d'Argent : collation, arrivée des invités, discussions
       il était une heure
       Il est deux heures passées  […] pendant un quart d'heure

13
14h30

 

 
1850
 
 
  5
   - trajet jusqu'au Louvre, visite du musée puis retour à l'air libre
       Quatre heures sonnaient.
16
 

 
1850
 
  6
   - promenade, ascension de la colonne Vendôme
       Il était près de cinq heures et demie
 17h30
 

 
1850
 
  7
   - retour au Moulin-d'Argent pour le dîner
       pour six heures. On attendait la noce depuis vingt minutes
 18h20
 

 
1850
 
  8
   - le repas de noce
       Au-dehors, le soleil se mourait sur les branches hautes
 20~21
 

 
1850
 
  9
   - Dans le silence, M. Madinier causait politique
       Leur loi du 31 mai est une abomination (5)
   - Bibi-la-Grillade […] avait vu le Bonaparte
       On disait qu'il allait faire un tour du côté de Lyon
 (5)
       Lorilleux[…] était né […] le 29 septembre 1820.
 
 

 
 1850 10
   - fin (houleuse) du repas ; les convives rentrent chez eux.
       Il était à peine onze heures
   Au bas de l'hôtel Boncœur, rencontre avec le père Bazouge.
23
 

 

 
 11
  Chapitre IV____________Quatre ans
 Annonce de l'ensemble du chapitre
       Ce furent quatre années de dur travail
    1850…
 1854
  1
 Retour au récit
       dans les premiers temps surtout
   deuxième
 semestre
 1850  2
 Gervaise et Coupeau économisent pour s'acheter des meubles…
       ils amassèrent […] en sept mois et demi  (6) 
   mars~avril 1851  3
 … et quitter l'hôtel pour une maison rue Neuve de la Goutte d'Or
       L'emménagement eut lieu au terme d'avril
  début avril
 
  4
 Naissance de Nana
       Ce fut le dernier jour d'avril que la jeune femme accoucha
 Retour de Coupeau
       Quand il rentra, à sept heures
 Visite de la famille et des amis
       Jusqu'à dix heures […]
       Puis, comme la société songeait au départ, on parla du baptême.
       Ce sera pour dimanche (7) 
~17
 
19
 
 
~23
 30
 

 
  5
 Gervaise reprend son travail
       Trois jours après ses couches
       Dès le samedi soir, madame Lorilleux apporta ses cadeaux
  
 3
 6
 mai
 
  6
 Repas de baptême - bonne entente avec les Goujet
       Le lendemain
       Goujet était un colosse de vingt-trois ans
  7
 

 
  7
 Goujet sauve Coupeau
       C'était au 2 décembre (8)
  2 décembre 1851  8
 Vie tranquille rue Neuve de la Goutte d'Or
       Pendant trois années
   Étienne mis en pension
       Étienne, qui allait sur ses huit ans
    1852
 1853
 1854
  9
 Gervaise trouve une boutique à louer
        Le jour même où Nana prenait ses trois ans
  30 avril 1854 10
 Gervaise va demander l'avis de Mme Goujet puis des Lorilleux
        Le lendemain
  1er mai
 
 11
 Coupeau tombe du toit
       demain, […] Tu viendras me prendre vers six heures
       son aide {Zidore}, un gamin de dix-sept ans
18 2
 

 
 12
 Coupeau, ramené chez lui, entre la vie et la mort
       Pendant une semaine
  début
 

 
 13
 Coupeau hors de danger, début de la convalescence
       Le neuvième jour
  10
 

 
 14
 Coupeau refait ses premiers pas
       au bout de deux mois
   juillet
 
 15
 Coupeau marche avec des béquilles
       Pendant deux mois encore
   août…
 septembre

 
 16
 Coupeau remarche mais n'a pas repris le travail
       au bout de six mois  (9)
  début novembre
 
 17
 Goujet prête les cinq cents francs à Gervaise
       Peu à peu […] un soir
 Gervaise loue la boutique
       Dès le lendemain
   novembre ~
 décembre

 
 18
  Chapitre V____________Quatre ans
 Les Boche deviennent concierges de la grande maison
       depuis le terme d'avril
  début avril 1854  1
 Signature du bail de location de la boutique
       Le jour de la location
       M. Marescot[…] était un homme de cinquante-cinq ans
       Pauline, la petite des Boche, une enfant rousse de quatre ans
   ~ fin 1854  2
 Remise en état de la boutique
       Dès le lundi suivant
       Les travaux durèrent trois semaines
   ~ fin
 ~ début
 1854
 1855
  3
 Ouverture de la boutique et déménagement des Coupeau
       L'emménagement eut lieu tout de suite.
       Gervaise, les premiers jours
   début 1855  4
 Premiers mois de Gervaise patronne
       Gervaise […] était dans ses vingt-huit ans (10)
   
 
  5
 Retour de Coupeau, plus qu'éméché, dans la boutique
       Une après-midi de juin, un samedi
       Madame Putois, une femme de quarante-cinq ans
       sa petite, âgée de deux ans, une enfant nommée
Eulalie
  un samedi juin
 
  6
 Visites (discrètes) de Goujet à la boutique, le soir
       les nuits de juillet étaient brûlantes
   juillet
 
  7
 Goujet prend Étienne comme apprenti à la forge
       Le petit, alors âgé d'onze ans (11)
    1856~
 1857
  8
 Nana chef de bande - brouille avec les Boche
       Nana, vers la fin de l'été, bouleversa la maison. Elle avait six ans
       Victor, un grand dadais de dix ans
   août~
 septembre
 1857  9
 Marescot vient réclamer le loyer
       Au terme d'octobre
  début octobre 1857 10
 Gervaise va chez les Lorilleux pour parler de sa belle-mère
       maman Coupeau, qui avait alors soixante-sept ans (12)
    1855~
 1856
 11
 Maman Coupeau s'installe chez son fils et Gervaise
       Dès le lendemain, elle prit maman Coupeau chez elle.
     12
 Bonne entente de Gervaise avec les voisins du quartier
       Trois années se passèrent. (13)
    1855…
 1857
 13
  Chapitre VI____________Un an et demi
 Gervaise va voir Goujet à sa forge
      Une après-midi d'automne
 fin de journée
 
 dernier vendredi
 sept. ~
décembre
 1857  1
 Gervaise rapporte son ligne à Mme Goujet
      Le lendemain de la visite de Gervaise à la forge
            était justement le dernier samedi du mois.
  dernier samedi    2
 Rencontre entre Gervaise et Virginie
      comme elle descendait l'escalier des Goujet.
      Virginie, alors âgée de vingt-neuf ans (14)
      Poisson, le mari, un homme de trente-cinq ans
      3
 Gervaise s'entend bien avec Virginie et sa boutique a du succès
      l'hiver était venu, le quatrième hiver  (15)  que les Coupeau
             passaient rue de la Goutte-d'Or.
   hiver 1857…
 1858
  4
 Virginie parle de Lantier à Gervaise
      le lendemain des Rois, midi et demi sonnait,
      Depuis bientôt sept ans, elle n'avait plus entendu
           parler de Lantier  (16)
 début
 d'après-
 midi
 7 janvier 1858  5
 La blanchisserie havre de chaleur
      {le père Bru} un vieillard de soixante-dix ans
   janvier ~
 février
   6
 Gervaise entre Lantier et Goujet
      Quand le printemps fut venu
   mars…
 mai
   7
 madame Bijard frappée par son mari et ivresse de Coupeau
      Un jour,
      la petite Lalie, alors âgée de quatre ans
      8
  Chapitre VII____________ Un mois
 Habitudes du ménage
      Les jours de fête, chez les Coupeau
    ~1854
 …1858
  1
 Préparation de la fête
      La fête de Gervaise tombait le 19 juin. […] Cette année-là,
          un mois à l'avance,
  mi- mai 1858  2
 Visite de Virginie, qui dit avoir vu Lantier rôder dans les parages
      La fête tombait justement un lundi  (17)
      Le samedi, comme les repasseuses bâclaient leur besogne
 
 19
 17
 juin   3
 Préparatifs du repas
      Le lendemain dimanche, dès trois heures
 après-
 midi
 18    4
 Préparation des lieux
      Enfin, le lundi arriva. [...] dès le matin,
 matin 19    5
 Mise en place du couvert
      en mettant la table, dès trois heures
 15     6
 Arrivée des convives
      Vers cinq heures
 17     7
 Retard de Coupeau qu'il faut aller chercher
      Il était déjà six heures et demie
 18h30     8
 Début du repas
      Enfin, Gervaise servait le potage aux pâtes d'Italie […]
         Il était sept heures et demie.
 19…20     9
 Repas - chansons - arrivée de Lantier - fin du repas
      Il devait être très tard
 début
 de nuit
    10
 Souvenirs incertains
      Le lendemain
  20   11
  Chapitre VIII____________ Deux ans et demi
 Retour tardif de Coupeau accompagné de Lantier
      Le samedi suivant, […] vers dix heures
      après des neuf ans et des dix ans (18)
      on lui aurait donné {à Lantier} juste son âge, trente-cinq ans. (18)
 22 24 juin 1858  1
 Visites quasi-quotidiennes de Lantier
      dans les premiers jours de novembre […] Au bout d'un mois
   novembre…
 décembre
   2
 Coupeau propose à Lantier de venir s'installer chez eux
      Quand le printemps revint,
   mars ~
 avril
 1859  3
 Installation de Lantier chez les Coupeau
      Ce fut dans les premiers jours de juin
  début juin   4
 Étienne part en apprentissage à Lille
      juste quinze jours après son installation
  mi    5
 Emprise croissante de Lantier sur la boutique
      {Nana} Cette merdeuse de dix ans  (19)
      Une année s'écoula de la sorte.
    1859-
 1860
  6
 Lantier essaie d'embrasser Gervaise
      un soir
    1860  7
 Gervaise rencontre Goujet, qui lui propose de venir avec lui
      Lalie […] n'a pas huit ans
      le lendemain […] l'après-midi
      8
 Lantier et Coupeau mènent la belle vie et Coupeau s'alcoolise
      vers les premiers jours de novembre
  début novembre   9
 Suite de la bringue de Coupeau
      Deux jours se passèrent
     10
 Lantier emmène Gervaise au café-concert
      à huit heures […] À onze heures
 20…
 23
    11
 Coupeau a souillé la maison, Gervaise va dormir avec Lantier
      pendant que Lantier la poussait dans sa chambre
     12
  Chapitre IX____________Deux ans
 Mauvaise santé de maman Coupeau
      Cet hiver-là,
      elle devait en avoir soixante-treize à la Saint-Antoine.   (20)
   décembre ~
 février
 1860…
 1861
  1
 Gervaise-Lantier-Coupeau ; disputes avec maman Coupeau
      un jour,
      2
 Gervaise rapporte son linge à madame Goujet, qui la réprimande
      le lendemain
      3
 Dépérissement de la boutique
      Pendant une année encore
    1861…
 1862
  4
 Disputes entre Gervaise et Lantier
      Vers l'automne
   ~septembre 1862  5
 Les Coupeau étant au bord de la ruine, Lantier lorgne Virginie
      En décembre,
   décembre   6
 Dernière maladie et mort de maman Coupeau
      Janvier était arrivé […] Un lundi soir
 nuit lundi janvier 1863  7
 Arrivée de la famille et préparatifs des obsèques
      Vers sept heures, avant le jour
 matin mardi    8
 Visite de Marescot, qui menace Gervaise d'expulsion
      Vers le soir,
 soirée     9
 Veillée mortuaire
      La veillée commença
 nuit mardi…
 mercredi
   10
 Enterrement de maman Coupeau
       dix heures et demie
 matin mercredi   11
 Dernière soirée de Gervaise dans la boutique (reprise par Virginie)
      Le soir […] à dix heures
 soir    12
  Chapitre X____________Deux ans
 Les Coupeau dans leur chambre du sixième étage.
      Les premiers jours,
      ce saut de treize ans en arrière   (21)
   ~ janvier 1863  1
 Coupeau travaille un temps à Étampes, les dettes diminuent.
      L'hiver était presque fini, […] Puis, dès les beaux jours,
   mars ~
 avril
   2
 Première communion de Nana.
      Ce fut cette année-là, en juin
      Elle allait sur ses treize ans    (22)
   juin   3
 Annonce de la suite du chapitre
      Deux années s'écoulèrent,
   juin ~
 juin
 1863…
 1865
  4
 Peu à manger, mais encore un peu de feu.
      Le premier hiver
   décembre ~
 mars
 1863…
 1864
  5
 Nouvelle dégringolade, difficultés pour payer le loyer.
      le second hiver […] le terme de janvier
  début janvier 1865  6
 Misère des voisins : le père Bru, Bazouge, Lalie.
      La petite Lalie, cette gamine de huit ans   (23)
      7
 Première crise de Coupeau, de Lariboisière à Sainte-Anne.
      Au mois de mars,
   mars   8
 Coupeau rentre chez lui.
      quelques jours plus tard
      9
 Mais il sombre à nouveau dans l'ivrognerie.
      dès la fin de la quinzaine
   ~ avril  10
 À l'Assommoir, Gervaise se joint à Coupeau et ses camarades.
      un samedi
     11
  Chapitre XI____________ Trois ans
 Adolescence de Nana.
      À quinze ans,   (24)
    1866  1
 Nana apprentie fleuriste et son « vieux ».
      Un matin de juillet
      quinze ans et demi,
   juillet   2
 Colères de Coupeau contre la conduite de sa fille.
      lorsque l'hiver arriva
   décembre   3
 Nana quitte le logement familial.
      un samedi
   début 1867  4
 Gervaise femme de ménage de Virginie,
    dont Lantier mange la boutique tout en cocufiant le mari.

      On bouleversait le quartier, cette année-là.
          On perçait le boulevard Magenta et le boulevard Ornano (25)
      5
 Gervaise et Coupeau retrouvent Nana dans un bal.
      un soir de novembre
   novembre   6
 Nana alterne séjour chez ses parents et fugues.
      Et des semaines, des mois s'écoulaient
    1868  7
 Coupeau de plus en plus rongé par l'alcool.
      En trois ans, il entra ainsi sept fois à Sainte-Anne   (26a)
      Ceux qui savaient son âge, quarante ans sonnés,   (26b)
      8
 Départ définitif de Nana.
      Ce fut aux premières gelées […] les mois s'écoulèrent […]
      juin arriva,
  
 novembre…
 juin

 1868…
 1869
  9
 Chez Virginie, Lantier dit qu'il a vu Nana menant grand train.
      En juillet, un matin,
   juillet 1869 10
  Chapitre XII____________ Une journée
 Désespoir de Gervaise, affamée.
       quelque chose comme le 12 ou le 13 janvier  (28)
 matin samedi
 ~ 15
 janvier 1870  1
 Gervaise va demander dix sous aux Lorilleux.
      Il n'était que trois heures […] Pendant une demi-heure
 15…
 ~16
     2
 Agonie de Lalie.
      comme elle arrivait devant les Bijard
      3
 Gervaise cherche et trouve Coupeau mais il la rabroue.
      dans le crépuscule jaune
 fin de
 journée
     4
 Elle passe devant l'hôtel Boncœur.
      Vingt ans seulement, mon Dieu !   (27)
      5
 Elle essaie de racoler, sans succès.
      la nuit était très sombre
 début
 de nuit
     6
 Elle croise Bru qui mendie, puis dernière rencontre avec Goujet.
      cet infini noir et désert de Paris endormi
 nuit     7
 Retour à la grande maison et passage chez Bazouge.
      cette nuit-là
 premières
  heures
 dimanche    8
  Chapitre XIII____________ Quelques mois
 Étienne envoie dix francs.   (29)
      Le lendemain
  ~ 16 janvier 1870  1
 Pas de nouvelles de Coupeau, jusqu'à l'avis de l'asile.
      Toute la semaine se passa […] juste le dimanche
  dimanche
 ~ 23
    2
 Gervaise va voir Coupeau à Sainte-Anne.
      le lundi […] Elle partit à midi
 après-
 midi
 lundi    3
 Chez les Boche, Gervaise raconte à tous sa visite.
      le soir
 soirée     4
 Gervaise retourne à Sainte-Anne.
      le lendemain
  mardi    5
 Dernière visite de Gervaise et mort de Coupeau.
      le lendemain
  mercredi    6
 Déchéance finale de Gervaise, installée dans la niche du père Bru.
      Gervaise dura ainsi pendant des mois
   janvier…
 été ?
   7
 Gervaise trouvée morte, « déjà verte ».
      Un matin, comme ça
   été ~
 automne ? 
   8

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Notes ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

(1)   Cette remarque de Coupeau est donc le seul indice permettant de situer ce chapitre au mois de mai. Pourtant, certains projets de Zola renferment des dates plus précises : dans les premiers jours de mai  (plan sommaire) ou même le 1er mai  (Plan complet ) ; cette dernière ne semble pas en accord avec la phrase citée (difficile de juger un mois sur ses cinq premières heures).

À titre de curiosité, mentionnons qu'une des ébauches du roman le situait aux Batignolles et un autre, à La Villette.

(2)   Eugène Sue a effectivement été député de la Seine jusqu'au coup d'État ; il y a eu deux scrutins : le premier en mai 1849, pour élire l'Assemblée législative ; le second en mars 1850 pour remplacer la trentaine de députés qui avaient été arrêtés et condamnés à la suite de la manifestation du 13 juin précédent.
(3)  Voir, dans l'annexe de l'Atlas, le paragraphe i  [⇒] consacré au Mont-de-Piété.
(4)   Pour le problème posé par le samedi, voir l'Annexe III (§ 1).
(5)  (5)  (5)   Cet échange entre M. Madinier et Bibi-la-Grillade offre l'indice le plus précis et le plus sûr pour fixer l'année de ce début du roman. En effet,
  1. le 31 mai 1850, l'Assemblée législative avait voté un texte de loi qui rayait des listes électorales environ un tiers des inscrits (les plus pauvres) ;
  2. quelques mois plus tard, Louis-Napoléon Bonaparte se rendra dans la région de Lyon, y prononçant le 15 août un discours jugé important.

Le 29 juillet trouve donc sa place naturelle entre ces deux événements.

Pour le problème posé par le samedi, voir l'Annexe III (§ 1).

(6)    Cette période débute quand Claude repart à Plassans pour entrer au collège ; l'événement n'est pas daté précisément, mais il ne doit pas être très éloigné du mariage puisque les neuf mois (pile !) qui séparent celui-ci de la naissance de Nana doivent englober  q  les premiers temps  de vaches maigres,
______________w  les sept mois et demi  d'économies,
______________e   l'installation dans le nouveau logement.
(7)    En 1851, le 30 avril est un mercredi ; le samedi suivant est donc le 3 mai et le dimanche, le 4 mai. Mais on peut penser que Zola avait en tête la distribution des jours en 1876 (voir l'Annexe III § 2) – où le 30 avril étant un dimanche, le samedi suivant est le 6 mai et le dimanche (jour du baptême), le 7 mai.
(8)   (8)   (8)   Cette scène fait écho aux manifestations qui eurent lieu dans les heures et les jours suivant le coup d'État du 2 décembre 1851 ; la chronologie de ce chapitre IV s'accorde avec celle du chapitre II (cf la note (5))
.
(9)   Cette indication (qui, partant de l'accident lui-même, conduit au début de novembre 1854) est la dernière précision avant celle du samedi de juin (1855) qui voit le retour de Coupeau éméché. Il faut donc extrapoler (ou intrapoler ) pour établir la chronologie de la location puis de l'embellissement de la boutique suivis par les premiers mois de travail de Gervaise à son compte - qui forment la fin de ce chapitre et le début du suivant.
(10)    On a vu, dans l'introduction les incertitudes qui pouvaient accompagner le recours aux indications d'âge pour déterminer l'année en cours ; mais ici s'ajoute l'hésitation sur le sens à donner à l'expression être dans ses vingt-huit ans : est-ce un équivalent d'avoir vingt-huit ans [révolus]  ou bien d'être dans sa vingt-huitième année  ? Si l'on se réfère au manuscrit, dont le texte initial était venait d'avoir vingt-sept ans, c'est cette dernière interprétation qui est la bonne.
(11)    Texte du manuscrit. D'après le début du chapitre Ier, Étienne est né en 1845 ou 1846 ; l'événement se situe donc en 1856 ou 1857, ce qui constitue une avancée implicite d'un ou deux ans dans la chronologie du roman ; cette avancée est encore accentuée dans le texte imprimé, qui mentionne douze ans  au lieu de onze, et confirmée, un peu après, par les indications à propos de Nana, qui mènent à la deuxième moitié de 1857.
(12)    (12)    À première vue, l'âge mentionné ici pose problème : d'après les deux premiers chapitres, il y a cinquante-huit ans entre la mère de Coupeau et le fils de Gervaise ; ici, elle en a soixante-sept, alors qu'Étienne a dépassé ses douze ans (cf. V-8), ce qui réduirait l'écart à cinquante-cinq ans ; le plus satisfaisant est de considérer le récit de cette visite chez les Lorilleux comme un retour en arrière sur une scène s'étant déroulée dans les mois qui ont suivi l'ouverture de la boutique, en 1855 ou 1856.
(13)    (13)    Cette phrase peut s'interpréter diversement ; mais, dans le droit fil de la note précédente, on peut y voir la fermeture de la parenthèse ouverte avec la visite chez les Lorilleux ; les trois années seraient alors 1855 (ouverture de la boutique) - 1856 - 1857 (Étienne apprenti).
(14)   Lors de la première présentation de Virginie, dans la scène du lavoir, Zola écrit seulement que Virginie était une fille de [l']âge  de Gervaise ; cela ne permet pas de préciser la chronologie, mais l'information donnée ici fait bien naître Virginie la même année que Gervaise.
(15)  Les Coupeau se sont installés dans la grande maison au début de 1855 (cf V-4), durant l'hiver 1854-1855 ; le quatrième hiver est donc celui de 1857-1858, ce qui confirme l'interprétation des notes (12) et (13).
(16)   D'après la chronologie, Lantier a quitté Gervaise en mai 1850, soit sept ans et huit mois avant cette conversation ; mais Gervaise a pu (et dû) encore entendre parler  de Lantier pendant les mois qui suivirent leur séparation.
(17)  S'agissant du problème posé par le lundi, voir l'Annexe III (§ 3). Pour la suite, on considérera que le samedi précédent est le 17 juin et le dimanche, le 18.
(18)   Le point de référence est bien sûr le premier chapitre, situé en mai 1850 - donc un peu plus de huit ans avant ce début du chapitre VIII. La première phrase semble donc excessive, mais on ne peut pas attendre de Coupeau la précision ni même l'exactitude d'un historien ; la seconde est un peu plus gênante : Lantier était présenté au chapitre Ier comme ayant vingt-six ans ; il doit donc en avoir trente-quatre en juin 1858 ; mais il s'agit ici de l'âge qu'on lui aurait donné  - et on imagine mal quelqu'un à qui on demanderait Quel âge lui donneriez-vous ?  répondre trente-quatre ans.
Cette interprétation semble confirmée par ce passage où Lantier raconte à Coupeau et Gervaise ce qu'il a fait durant son « absence » : Pendant les huit dernières années, il avait un moment dirigé une fabrique de chapeaux.
(19)  Étant née en avril 1851, Nana doit avoir un peu plus de huit ans selon la chronologie ; mais Zola évoque, juste après, une année qui passe, et on peut penser que l'expression est moins celle du narrateur que de Lantier lui-même.
(20)   Contrairement aux précédentes, cette indication est en plein accord avec la chronologie ; en effet, d'après le chapitre II, maman Coupeau est née en 1788 ; elle doit donc fêter ses soixante-treize ans en 1861 - et ce début de chapitre se situe bien à l'hiver 1860-1861. Mais on peut s'interroger sur la Saint-Antoine : les trois fêtes répertoriées tombent le 17 janvier, le 13 juin et le 5 juillet ; pas de trace d'Antoine  à la date du 3 avril.
(21)   Nouvelle confirmation de la chronologie : de mai 1850 au début de 1863.
(22)   Nana aurait effectivement treize ans le 30 avril 1854, une dizaine de mois plus tard.
(23)   Cette indication (reprise ensuite deux fois) pose problème : Lalie a été présentée (cf. V-6) comme ayant deux ans quand Gervaise ouvre sa boutique en 1855 ; en 1865, elle devrait donc avoir douze ans, et non huit. Cette divergence rend difficile l'interprétation de son frère Jules et sa sœur Henriette, des mômes de trois ans et de cinq ans.
(24)   Cette indication ne permet pas de dater précisément le chapitre, mais on sait que Nana fête ses quinze ans le 30 avril 1866, donc dans l'année qui suit la fin du chapitre X.
NB- cette première partie du chapitre XI est le seul passage du roman où le récit ne soit pas fait du point de vue de Gervaise ; elle se termine quand Nana s'enfuit de chez ses parents.
(25)  •     Pour mieux comprendre l'ensemble du passage, on peut lire la page consacrée par une classe de Troisième du collège Foch de Strasbourg aux lieux de l'Assommoir - Paris sous le Second Empire  [⇒] ; s'y trouve notamment la transposition du croquis de Zola représentant le quartier avant les travaux dont il est question dans ce chapitre.

Les pricipaux changements sont repris dans les deux cartes ci-contre______a  a  a
Placer la souris sur l'image pour afficher l'autre carte.
  •  Pour le boulevard de Rochechouart, se reporter au paragraphe e  [⇒] de l'annexe dans l'Atlas.
  •  Le boulevard Ornano a été construit à partir de 1863, entre l'ancienne barrière Poissonnière au sud et la porte de Clignancourt au nord ; on peut donc concevoir qu'il ait encore été en travaux en 1866-1867.
NB- en 1888, la partie sud (celle qu'on voit sur la carte) prendra le nom de boulevard Barbès, qu'elle porte encore aujourd'hui.
  •  La mention du boulevard [de] Magenta est plus surprenante ; en effet, sa partie nord-ouest (celle qui nous occupe, entre la barrière Poissonnière et la rue du Faubourg-Saint-Martin) a été percée dès 1855 (l'autre section, du Faubourg-Saint-Martin à la Place de la République, date de 1859) ; ces travaux sont donc nettement antérieurs à ceux du boulevard Ornano et, plus encore, à ce chapitre.
 Barrière PoissonnièreCarrefour Barbès-Rochechouart
(26a)   Son premier séjour remontant à mars 1865, nous sommes au début de 1868, en accord avec la chronologie.
(26b)   En 1868, Coupeau a quarante-quatre ans - ce qui peut correspondre à l'expression choisie.
(27)   Accord parfait, de mai 1850 à janvier 1870.
(28)  Le terme de janvier  désigne le paiement du loyer de décembre, au début du mois suivant. Pour le problème posé par un samedi, voir l'Annexe III (§ 4).
(29)   Cet épisode aura, huit ans plus tard, un écho dans Germinal  (Première partie, chapitre IV) quand Étienne confie à Catherine sa tristesse de ne plus pouvoir envoyer à sa mère de temps à autre une pièce de cent sous ; et d'ajouter, de façon prémonitoire : Elle va crever de misère, c'est sûr.
(30)  Pour des raisons faciles à imaginer, j'ai attendu d'avoir terminé le tableau principal de cette page avant de regarder de près le diagramme et son commentaire ; sans trop de surprise, les deux chronologies diffèrent peu, puisqu'elles partent des deux mêmes principes :
  1. pour l'ensemble, se fonder sur le texte lui-même,
  2. pour le cas particulier de la naissance de Nana, considérer comme pierre angulaire les émeutes du 2 décembre 1851.

Il n'y a donc que deux divergences (d'une année à chaque fois) :

  1. la fin du chapitre V et le début du chapitre VI : le blog situe la visite de Gervaise à la forge, vers la fin de 1858 alors qu'elle est placée dans le tableau ci-dessus dans les derniers mois de 1857 ; mais cette partie du roman accumule les incertitudes chronologiques, avec la dispute entre Gervaise et les Lorilleux (voir la note  (12)  ) puis l'expression Trois années passèrent  (voir la note  (13)  ) débouchant sur Une après-midi d'automne  - pas particulièrement explicite ;
  2. les deux derniers chapitres : on peut être frappé par le contraste entre
    •  d'un côté, le chapitre XII (la nuit du désespoir, qui voit la mort de Lalie, les tentatives de racolage de Gervaise et sa dernière rencontre avec Goujet) avec la quasi-totalité du chapitre XIII (jusqu'à la mort de Coupeau, dont on suit la fin jour après jour) le 12 ou le 13 janvier  […] le lundi  […] le lendemain ;
    •  et de l'autre, la dernière page de ce même chapitre XIII Gervaise dura ainsi pendant des mois.  ; on n'en saura pas plus sur la date de sa mort, qui ne sera même découverte qu'après coup.

    Le blog situe ces chapitres au début de 1871, les arbres généalogiques et les premières notes préparatoires indiquent 1868 ou 1869 ; ce tableau les place dans la première moitié de 1870 - non pas pour couper la poire en deux, mais parce que les événements semblent conduire à cette date, qui se trouve précéder de peu la déclaration de la guerre et la chute de l'Empire. Et on peut trouver confirmation de cette date dans la dernière ébauche du chapitre XII dans le Plan complet :

Tête du chapitre XIITête détourée
   Placer le curseur de la souris sur l'image pour détourer l'indication chronologique
Annexe I : dates de naissance
NB- comme il est rappelé dans l'introduction, seules les dates précises (celles de maman Coupeau et de Nana) sont sûres ;
celles qui se réduisent à l'année ont une marge d'erreur d'un an en moyenne.

NB- Cliquer sur le nom d'un personnage pour aller à la ligne où son âge est mentionné pour la première fois.

3 avril 1788 Maman Coupeau
1788monsieur Bru (dit le père Bru)
1799monsieur Marescot
1806madame Goujet
1810Colombe (dit le père Colombe)
1810madame Putois
1814madame Lerat
29 sept. 1820Lorilleux  [1]
1820Anna Lorilleux
1820monsieur Poisson  [5]
1824Auguste Lantier
1824François Coupeau (dit Cadet-Cassis)
1828Goujet (dit la Gueule-d'Or)
1828Gervaise Macquart  [2]
1828Virginie Poisson
1834Isidore (dit Zidore)
1842Claude Lantier  [2]
1846Étienne Lantier  [2]
1847Victor Fauconnier
30 avril 1851
vers 17 heures
Anna Coupeau  [3]
1851Pauline Boche
1853Eulalie Bijard (dite Lalie)  [4]

[1]  Les notes préparatoires lui donnent trente-quatre ans en 1850 (il serait donc né en 1816) mais elles indiquent aussi qu'il a un souvenir historique avec le comte de Chambord : l'âge de celui-ci peut-être ; le texte du roman le confirme au chapitre III : Il était né le même jour que le comte de Chambord, le 29 septembre 1820 ; de plus, le chapitre II mentionne qu'il est d’une année plus âgé seulement  que son épouse ; celle-ci étant née au début de 1820 (voir le manuscrit), il a une huitaine de mois de plus – que l'on peut assimiler à une année.
[2]  Ces dates concordent avec ce qui est mentionné dans La Fortune des Rougon, dans les divers arbres généalogiques et les Ébauches.
[3]  L'année diffère d'une source à l'autre ; l'annexe V revient sur ce problème.
[4]  Née en 1854 selon le dossier préparatoire.
[5]  Né en 1824 selon le dossier préparatoire.

Annexe II : histoire[s] et Histoire

Le tableau ci-dessous n'a assurément pas de valeur scientifique, en raison du caractère très limité


RangAnnée  TitreBonaparteNapoléon(l')EmpereurBadinguetTotal 
61876  Son Excellence Eugène Rougon (a)+ 1. (b) (a)+ 22053217
71877  L'Assommoir42152   (c)23
91880  Nana0210012
111883  Au Bonheur des Dames00101
131885  Germinal00505
141886  L'Œuvre0 (a)405
171890  La Bête humaine0 (a)308
(a)   Ces occurrences désignant des voies (rue Bonaparte, cours  ou quai Napoléon ), il est difficile de préciser s'il s'agit de l'oncle ou du neveu.
(b)   Il s'agit de la famille Bonaparte, sans plus de précision.
(c)   On peut aussi mentionner les huit fois où Lantier appelle Poisson Badingue.

On peut voir que la figure impériale est plus présente dans L'Assommoir  que dans les autres romans d'inspiration sociale comparable.

Quand on arrive au terme du roman et de la recherche de chronologie, comment ne pas s'interroger sur le parallèle entre l'histoire de Gervaise Coupeau et celle du Second Empire ?

Mais on peut aussi observer deux coïncidences :

  1. la rivalité entre Lantier et Poisson ; elle s'est toujours déroulée sur deux plans : l'un explicite, celui de la politique (Lantier attaquant un système dont Poisson se faisait le défenseur) ; l'autre implicite, d'ordre personnel et sentimental (avec Virginie comme enjeu) ; or, au final, c'est ce dernier qui les départage, quand Poisson découvre l'infidélité de sa femme, qui l'abandonne ; mais cette défaite de Poisson ne peut que signifier aussi la victoire du républicain sur le bonapartiste, renforcée par le fait que Poisson perde son poste de sergent de ville - rupture du dernier lien avec l'Empire ;
  2. l'empan narratif : chaque roman constituant Les Rougon-Macquart se déploie habituellement sur quelques années : moins de deux pour Germinal  ou La Débâcle, trois à quatre pour Nana  ou Pot-Bouille, cinq à six pour Son Excellence Eugène Rougon  ou La Conquête de Plassans ; La Curée  occupe treize années, mais douze sont dans un retour en arrière ; phénomène comparable (en plus réduit) dans La Fortune des Rougon  ou Le Ventre de Paris.

    L'Assommoir, lui, se déploie sur vingt ans présentés de façon linéaire, de mai 1850 à l'été ou l'automne 1870 ; à quelques mois ou quelques semaines près, c'est l'aventure impériale de Charles Louis Napoléon Bonaparte. Tout a donc commencé dans les derniers mois de la IInde République, quand, dans le Prince-Président, le premier a entrepris d'étouffer le second. Pour ce qui est de la fin, elle mérite qu'on s'y attarde un peu.

    L'étude de la chronologie interne a montré que les repères étaient nombreux et, souvent, assez précis : le mariage a lieu le 29 juillet, Nana est née le 39 avril et (pour les deux derniers chapitres) la nuit du désespoir  se situe le 12 ou 13 janvier, alors que Coupeau meurt quatre jours plus tard ; et cette mort, Zola nous la fait vivre (si j'ose dire) :
    Les pieds nus, hors du lit, dansaient toujours. Ils n'étaient guère propres, et ils avaient les ongles longs. Des heures encore passèrent. Tout d'un coup, ils se raidirent, immobiles. Alors, l'interne se tourna vers Gervaise, en disant :
    - Ça y est.
    La mort seule avait arrêté les pieds.

    Rien de tel pour Gervaise, dans la dernière page du roman ; la seule indication temporelle est qu'elle dura ainsi pendant des mois.  Puis, Un matin, comme ça sentait mauvais dans le corridor  - Gervaise est déjà morte depuis un ou deux jours, dans l'indifférence générale et notre propre ignorance.

    Il est très intéressant de comparer cette fin du roman avec ce que Zola notait dans ses Ébauches :

    1. La réussite de Gervaise qui parvient à s'établir une petite boutique de blanchisseuse. A côté de son ancienne patronne. La jalousie de celle-ci, poussant à un dénouement tragique.
    2. Là un drame pour finir. Je fais mourir Gervaise tragiquement, ou plutôt je la montre mourant à 41 ans, épuisée de travail et de misère.

    Pour le détail, on peut observer que l'auteur ne retiendra pas la jalousie de Mme Fauconnier (concentrée chez Anna Lorilleux) ; plus fondamentalement, c'est pour Lalie ou sa mère que l'on pourrait parler de drame  et de mort (ou, au moins, d'agonie) tragique.

    Pour en revenir aux dates, comme il est mentionné à la fin de la note (30), les arbres généalogiques (en accord avec les Ébauches ) situent la mort de Gervaise en 1869, à l'âge de 41 ans - mais la chronologie interne nous conduit jusqu'en 1870, la faisant mourir dans les dernières semaines de l'Empire ; ainsi la boucle se referme-t-elle : l'histoire des Coupeau avait croisé l'Histoire de France dans les débuts du couple, au 2 décembre ; elle la retrouve pour finir, mais dans un monde où tout s'est dissous, même le temps.


Annexe III : La semaine des peu de jeudis

D'abord, à titre indicatif, voici le nombre d'occurrences de chaque jour dans l'ensemble de L'Assommoir :


 lundimardimercredijeudivendredisamedidimanche
 1671372520

On peut constater une nette domination des extrémités de la semaine sur sa partie médiane.


Mais la principale raison d'être de cette annexe tient aux questions posées par l'emploi de certains noms dans le cadre même de la chronologie.

En effet, Zola associe le nom du jour à une date (directement ou indirectement) dans quatre cas :
   →   le mariage de Gervaise et Coupeau, le baptême de Nana, la fête de Gervaise, la nuit du désespoir

Or les choses sont claires (à défaut d'être simples) : le jour mentionné n'est pas celui qu'on attendrait.


  1. Pour le mariage, Zola indique le samedi 29 juillet ; de façon certaine, il s'agit de l'année 1850
    (cf.  les deux allusions mentionnées dans la note (5), confirmées par les Projets ) ; or, dans la réalité, le 29 juillet 1850 tombe un lundi ;
           comme on peut le vérifier d'après cet extrait d'affiche citée dans la Bibliographie de l'Empire français       a a a
    (consultable à cette adresse  [⇒]).
     Affiche 29 juillet
  2. Gervait accouche de Nana le 30 avril 1851 – qui se trouve être un mercredi ; le soir même, discutant du baptême, Lorilleux dit : Ce sera pour dimanche, si vous voulez., et Gervaise acquiesce ; il s'agit donc du dimanche suivant le 30 avril, soit le 4 mai. Là-dessus, Gervaise reprend son travail trois jours après ses couches, soit le 3 mai, un samedi (veille du baptême) ; pourtant Zola enchaîne sur Dès le samedi soir, madame Lorilleux apporta ses cadeaux […], ce qui suppose un délai de quelques jours entre la reprise du travail et la visite des Lorilleux.
  3. La fête de Gervaise tombait le 19 juin. […] La fête tombait justement un lundi.  et la chronologie interne fixe l'année à 1858. Mais (ironie du sort) le 19 juin ne tombe un lundi qu'en 1854 (Gervaise n'avait pas encore loué la boutique) et 1865 (elle l'avait quittée pour vivre dans une chambre au sixième étage).
  4. Le dernier cas est aussi le plus complexe :
    Ce devait être le samedi après le terme, quelque chose comme le 12 ou le 13 janvier, Gervaise ne savait plus au juste.
    Aux hésitations nées de l'esprit embrouillé de Gervaise (qui est la vraie narratrice de la scène) s'ajoute l'incertitude sur le rapport entre le samedi, le terme de janvier et les 12 et 13 du mois ; la première interprétation qui vient à l'esprit est que la scène se place le samedi 12 ou 13 janvier, qui suivait le terme ; mais les 12 et 13 janvier sont un mardi et un mercredi en 1869, un mercredi et un jeudi en 1870. Pas de samedi, quels que soient le jour et l'année.

Comment expliquer ces différences ? Zola aurait-il choisi les jours au hasard ? On peut seulement observer


Annexe IV : Annus horribilis

1870 est une année aussi sinistre pour Gervaise et les siens que, politiquement et militairement, pour la France. En effet, on y voit mourir

Des descendants d'Adélaïde Foulque par Antoine puis Gervaise Macquart, seul subsiste Étienne, un peu par défaut, puisqu'on ignore tout de son destin après qu'il a quitté la mine, en 1868 ; mais dans l'arbre de 1878, la mention vit  que Zola a ajoutée (à la main) à côté de son cartouche est un rayon d'espoir, au milieu des mort  et morte.

Sans oublier son père Auguste, que nous laissons bien au chaud à l'abri de sa tripière.


Annexe V : Le coin du chronopathe : quand est née Anna ?

⊗  Dans L'Assommoir, la naissance de Nana intervient sans conteste entre

Puisque Zola place l'événement le dernier jour d'avril, il ne peut s'agir que du 30 avril 1851 ; c'est la date indiquée par Anne Sculfort sur son site Passion Lettres  [⇒], c'est aussi celle qui figure sur le diagramme du blog de Bertrand  [⇒]. Et (que souhaiter de plus ?) c'est la date mentionnée par Zola lui-même dans ses Ébauches : Elle en a tout de suite une fille, Anna, en 51

⊗  Malheureusement,
q   comme il est indiqué dans l'introduction, le texte publié ne contient pas de mention d'année en tous chiffres ; on n'y lit donc nulle part que Nana est née le 30 avril 1851 (ni que Gervaise et Coupeau se sont mariés le 29 juillet 1850, ni même que Goujet a sauvé Coupeau le 2 décembre 1851) ;
w
 
 
 
 
e
dans les deux arbres généalogiques  publiés par Émile Zola, il est indiqué que Nana est née en 1852            a a a
       C'est donc cette date que l'on trouve dans nombre de documents dérivés (tel celui-ci  [⇒], choisi à titre d'exemple)

le cartouche de Gervaise accroît encore la confusion a a a
      placer le curseur de la souris sur l'image
          pour afficher cet autre cartouche
 naissance de Nanamariage de Gervaise

Ce n'est pas un hasard si, dans le roman, Anna voit le jour très exactement neuf mois et un jour après la nuit de noce (du 29 juillet au 30 avril de l'année suivante – dans son Plan complet, Zola avait écrit : l'accouchement fixer la date, neuf mois jour pour jour ); mais ici, vu les dates respectives des deux événements, elle serait née trois mois avant le mariage…

r   Il ne faut pas compter sur le premier chapitre de Nana  pour clarifier la situation ; pourtant, sa chronologie interne est on ne peut plus simple :

Comme il est écrit dans la page de Passion Lettres  consacrée à cet ouvrage, Zola prend des libertés avec la chronologie. Et ce n'est pas la situation la plus confortable que de devoir écrire Nana est née en 1851  quand les derniers documents publiés par son créateur mentionnent 1852, tout en laissant supposer 1848 d'un côté et 1853 de l'autre.


Annexe VI : Deux cas de tic onomastique

Ces particularités rappellent l'épithète homérique, telle que ποδας ωκυς Αχιλλευς (Achille au pied léger  - que l'on peut rencontrer même quand le héros est assis).

Cette façon de faire semble trouver un écho avec deux personnages de L'Assommoir :

  1. Augustine : le prénom de la jeune employée de Gervaise apparaît trente-deux fois (du chapitre V au chapitre IX) ; or, dans la moitié des cas (seize, exactement), Zola évoque ce louchon d'Augustine ;
    NB- on rencontre une autre Augustine, fleuriste chez Titreville (au chapitre XI).
  2. Bec-Salé : les choses sont encore plus nettes avec ce forgeron, collègue de Goujet ; sur les vingt-huit fois où son nom est cité, vingt-cinq sont accompagnées de dit Boit-sans-Soif ; et encore, sur les trois où Bec-Salé  est seul, deux sont employées en apostrophe dans un dialogue ; la récurrence est d'autant plus appuyée que Bec-Salé  est déjà un sobriquet, et que l'ensemble frise le pléonasme, s'agissant d'un ivrogne ; mais peut-être le premier est-il le pseudonyme que l'ouvrier s'est choisi, le second lui étant conféré par ses camarades.

Annexe VII : un seul être vous manque…

Habituellement, c'est la présence d'un élément inattendu qui pose problème ; dans le cas présent, c'est à l'inverse l'absence d'un personnage qui surprend.

q   Pour les deux premiers, on ne peut pas vraiment parler de surprise, simplement d'occasion manquée ; il s'agit de Lisa Macquart (devenue madame Quenu), la sœur de Gervaise, et de Claude, son fils aîné. Les deux cas sont différents puisque nous rencontrons Claude dans L'Assommoir, jusqu'à son départ pour Plassans au début du chapitre IV (fin 1850 ou début 1851) ; mais ils ont un point commun important (outre leur lien de famille avec Gervaise) : ce sont des personnages à part entière du Ventre de Paris. Or
  1.  l'action du roman se déroule entre 1858 et 1860 ; cette période correspond aux derniers temps heureux de Gervaise comme patronne et au début des difficultés, avec le retour de Lantier ;
  2.  spatialement, l'essentiel de l'action se situe dans le quartier des Halles ; à titre de simple mise en perspective, on peut se rappeler que, le jour de la noce, Gervaise, Coupeau et leurs invités vont de la barrière Poissonnière au Louvre (passant par le faubourg Saint-Denis, à quelques pâtés de maison des pavillons de Baltard) puis reviennent en passant par la Place Vendôme.

Une visite de Claude à ses parents ou un mot de Gervaise sur la charcuterie de sa sœur n'auraient donc pas étonné. En fait, c'est de madame Lorilleux que vient la seule allusion :
Une mariée qui n'amène seulement pas un parent à sa noce ! Elle dit avoir à Paris une sœur charcutière. Pourquoi ne l'a-t-elle pas invitée, alors ?

Addendum : dans le plan primitif  du chapitre III, Zola note :
Des incidents. Les Lorilleux : « Une mariée qui n'a pas de famille. » La sœur ; Madame Quenu-Gradelle (à voir).

Ainsi l'auteur avait-il envisagé la présence de Lisa au mariage, mais sans y donner suite (le trait critique d'Anna Lorilleux n'aurait plus eu de raison d'être), sans non plus donner d'explication à cette absence.

w   Mais le cas le plus déroutant est celui de Jacques Lantier, personnage principal du dix-septième roman des Rougon-Macquart, La Bête humaine ; au chapitre II de cet ouvrage, on apprend qu'il est le frère de Claude et Étienne, que ses parents l'avaient confié, à l'âge de six ans, à une cousine, quand ils s'étaient envolés à Paris ; plus tard, il explique que sa mère était dans sa seizième annnée lorsqu'il est né (donc en 1844), à mi-temps entre ses deux frères. Quand on voit la rapidité avec laquelle Gervaise laisse Claude repartir à Plassans avec un étranger (et comment, dans La Fortune des Rougon, c'est sa belle-mère qui s'occupait des deux petits à Plassans), on peut trouver plausible qu'elle ait confié l'enfant à une parente.

Ce qui est étrange, en revanche, c'est qu'il n'y ait pas le moindre mot sur Jacques

  1. ni dans tout L'Assommoir ; quand Gervaise raconte ses maternités à madame Boche :
    J'avais quatorze ans et lui dix-huit, quand nous avons eu notre premier. L'autre est venu quatre ans plus tard…
  2. ni dans La Fortune des Rougon, où Gervaise apparaît pour la première fois ; là aussi, Zola mentionne ses maternités :
    Gervaise […] devint grosse à l'âge de quatorze ans. Le père de l'enfant n'avait pas dix-huit ans. C'était un ouvrier tanneur, nommé Lantier. […] Quatre ans plus tard, elle eut un second garçon, que la mère de Lantier réclama encore.

    Eh oui ! Étienne, né quatre ans après Claude, est bien alors le second fils de Gervaise.

      Tout s'éclaire quand on compare les différents documents annexes publiés par Zola.
  1. Dans l'extrait de l'arbre généalogique  imprimé en 1878, Gervaise n'a que deux fils (comme dans La Fortune des Rougon  et L'Assommoir )________________a  a  a
    mais on peut observer, ajoutés (à la main) par Zola, un trait et une bulle contenant seulement le nom du nouveau venu ;
  2. dans l'arbre de 1893, l'affaire est entendue : Jacques y a son cartouche complet, et Gervaise, trois fils ;
          placer le curseur de la souris sur l'image
              pour afficher cet extrait

    NB- contrairement au premier document, il ne s'agit pas d'une photocopie mais d'un montage reconstitué.

Ainsi Jacques a-t-il été créé  après la publication de L'Assommoir, pour les besoins de La Bête humaine.

 arbre de 1878arbre de 1893



Annexe VIII : Vous ici ?
mentionné 
Simple rappel de la présence de quelques personnages dans les Rougon-Macquart :actif 
central

TitreGervaiseClaudeJacquesÉtienneNanaLantierCoupeauLeratLisaJean
01 - La Fortune des Rougon          
03 - Le Ventre de Paris          
07 - L'Assommoir          
09 - Nana          
12 - La Joie de vivre          
13 - Germinal          
14 - L'Œuvre          
15 - La Terre          
17 - La Bête humaine          
19 - La Débâcle          
20 - Le docteur Pascal          

Annexe IX : D. I. L.

Le discours indirect libre  n'est pas propre à L'Assommoir, ni même à Émile Zola, mais la façon dont il l'y a utilisé peut mériter un détour.

On sait qu'il y a deux façons de rapporter les propos d'un tiers : le discours direct (en rapportant les paroles à la façon d'un magnétophone) et le discours indirect (qui les incorpore dans le discours principal) ; le discours direct demande évidemment qu'on rapporte les propos très exactement, alors que, dans le discours indirect, c'est le sens qui importe.

Mais il existe un troisième type, métis des deux premiers, le discours indirect libre  (qui sera désigné ici par ses initiales d.i.l. ). Pour schématiser, on pourrait présenter les choses comme ci-dessous.
NB1- ce tableau n'est pas un cours de grammaire ; il ne reprend donc que les éléments les plus caractérisiques, sans chercher à envisager tous les cas de figure ;
NB2- en plaçant le curseur de la souris sur un intitulé (comme impératif  ou {absentes} ), on affiche dans une info-bulle un exemple correspondant ; les phrases au discours direct sont empruntées au roman tandis que les équivalents indirect et indirect libre sont reconstitués.


Discours   directindirect libreindirect
Marque introductrice: «
{aucune}que
Personnes1ère/2ème3ème3ème
Tempsprésent
futur
imparfait
conditionnel
imparfait
conditionnel
Ordresimpératifque + subjonctifque + subjonctif
de + infinitif
Interjections/exclamations{possibles}{possibles}{absentes}
Interrogationest-ce que... ?
{inversion du sujet}
qu'est-ce que ...?
est-ce que... ?
{inversion du sujet}
qu'est-ce que ...?
si
ce que

Ainsi le d.i.l. tient-il pour l'essentiel du discours indirect dont il tire son nom et dont il adopte la distanciation que représentent les changements de temps et de personnes - mais avec quelques particularités qui permettent d'éviter la lourdeur inhérente à la subordination grammaticale ; un exemple simple, celui de Gervaise venue chez les Lorilleux pour la prise en charge de maman Coupeau :
Maman Coupeau avait trois enfants ; si chacun donnait cent sous, ça ne ferait que quinze francs

Au discours indirect, cette phrase devient
Elle rappela que maman Coupeau avait trois enfants et que, si chacun donnait cent sous, ça ne ferait que quinze francs.
L'effet stylistique est assurément différent.

Mais la portée de cette absence de subordination dépasse la grammaire et le style. Partons cette fois-ci d'un extrait du texte au d.i.l. dans ce dialogue entre Gervaise et son mari en train d'importuner Clémence :
- Laisse-la, tu n'es pas raisonnable, déclara tranquillement Gervaise. Nous sommes pressées, entends-tu ?
Elles étaient pressées, eh bien ! quoi ? ce n'était pas sa faute. Il ne faisait rien de mal. Il ne touchait pas, il regardait seulement.

Il est clair que les phrases du second paragraphe équivalent à
- Vous êtes pressées, eh bien ! quoi ? ce n'est pas ma faute. Je ne fais rien de mal. Je ne touche pas, je regarde seulement.

Force est de constater que le mouvement de la réponse de Coupeau est difficile à rendre au discours indirect, du moins sans détour :
Il répondit que, si elles étaient pressées, ce n'était pas de sa faute, qu'il ne faisait rien de mal, qu'il ne touchait pas, qu'il regardait seulement.

Mais la suite de cette scène montre que ce n'est pas non plus une simple affaire de style :
Est-ce qu'il n'était plus permis de regarder les belles choses que le bon Dieu a faites ? Elle avait tout de même de sacrés ailerons, cette dessalée de Clémence ! Elle pouvait se montrer pour deux sous et laisser tâter, personne ne regretterait son argent. L'ouvrière, cependant, ne se défendait plus, riait de ces compliments tout crus d'homme en ribotte. Et elle en venait à plaisanter avec lui. Il la blaguait sur les chemises d'homme. Alors, elle était toujours dans les chemises d'homme ? Mais oui, elle vivait là dedans. Ah ! Dieu de Dieu ! elle les connaissait joliment, elle savait comment c'était fait.

La partie en gris correspond clairement aux paroles de Coupeau, la suite en orange, au récit ; puis on revient à Coupeau avec la phrase en jaune (équivalant à Alors, vous êtes toujours dans les chemises d'homme ? ). Mais qui parle ensuite ? Au discours indirect, aurait-on Coupeau ajouta que...  ou Clémence répondit que... ? Et ici, même au discours direct, il aurait fallu trancher :
— Alors, vous êtes toujours dans les chemises d'homme ? Mais oui, Vous vivez là-dedans. Ah Dieu de Dieu ! Vous les connaissez joliment [...]
ou alors
— Alors, vous êtes toujours dans les chemises d'homme ?
— Mais oui, je vis là-dedans. Ah Dieu de Dieu ! Je les connais joliment [...]

Même si, arrivé au bout de la phrase, on penche pour une réponse de Clémence, on a passé par un temps d'incertitude, où les voix se confondent.

Pourtant les effets les plus forts ne reposent pas sur l'hésitation entre deux locuteurs ; regardons encore ce qui caractérise le d.i.l. : temps du passé, troisième personne, pas de marque d'introduction - ce sont les caractéristiques mêmes du récit ; et c'est bien sur cette ambiguïté entre paroles ou pensées des personnages et réflexions du narrateur que se joue l'essentiel.

En voici deux exemples parmi les plus saillants :

  1. lors du repas de fête de Gervaise :
       Gervaise, énorme, tassée sur les coudes, mangeait de gros morceaux de blanc, ne parlant pas, de peur de perdre une bouchée ; et elle était seulement un peu honteuse devant Goujet, ennuyée de se montrer ainsi, gloutonne comme un chatte. Goujet, d'ailleurs, s'emplissait trop lui-même, à la voir toute rose de nourriture. Puis, dans sa gourmandise, elle restait si gentille et si bonne ! Elle ne parlait pas, mais elle se dérangeait à chaque instant, pour soigner le père Bru et lui passer quelque chose de délicat sur son assiette. C'était même touchant de regarder cette gourmande s'enlever un bout d'aile de la bouche, pour le donner au vieux, qui ne semblait pas connaisseur et qui avalait tout, la tête basse, abêti de tant bâfrer, lui dont le gésier avait perdu le goût du pain.

    Dans ce passage, ce qui est en jaune correspond visiblement à de la narration ; mais que dire des phrases en gris ? Sont-elles encore du narrateur, ou faut-il y voir les réflexions de Goujet, qui penserait Qu'elle reste si gentille et si bonne !  et C'est même touchant de regarder... ?

    Quelques lignes plus bas, on peut lire :

       Cependant, Clémence achevait son croupion, le suçait avec un gloussement des lèvres, en se tordant de rire sur sa chaise, à cause de Boche qui lui disait tout bas des indécences. Ah ! nom de Dieu ! oui, on s'en flanqua une bosse ! Quand on y est, on y est, n'est-ce pas ? et si l'on ne se paie qu'un gueuleton par-ci par-là, on serait joliment godiche de ne pas s'en fourrer jusqu'aux oreilles. Vrai, on voyait les bedons se gonfler à mesure. Les dames étaient grosses. Ils pétaient dans leur peau, les sacrés goinfres ! La bouche ouverte, le menton barbouillé de graisse, ils avaient des faces pareilles à des derrières, et si rouges, qu'on aurait dit des derrières de gens riches, crevant de prospérité.

    La première phrase revient à l'évidence au narrateur ; mais la suite ? le juron (nom de Dieu ! ), le vocabulaire trivial (s'en flanquer une bosse, gueuleton, sacrés goinfres ) semblent bien venir des convives eux-mêmes, tout comme le jugement on serait joliment godiche [...]. Réflexions des invités, au d.i.l. ? ou description satirique due au narrateur (on aurait dit des derrières de gens riches ) ?

    Dernier exemple, dans la même page :

      Coupeau versait de haut, pour voir le jet rouge écumer ; et quand un litre était vide, il faisait la blague de retourner le goulot et de le presser du geste familier aux femmes qui traient les vaches. Encore une négresse qui avait la gueule cassée ! Dans un coin de la boutique, le tas des négresses mortes grandissait, un cimetière de bouteilles sur lequel on poussait les ordures de la nappe.

    De ces trois phrases, la première et la dernière sont clairement narratives ; mais celle du milieu ? Sans doute est-ce la transposition au d.i.l. de Coupeau disait alors : « Encore une négresse qui a la gueule cassée ! »
    mais l'image, surtout avec la reprise du tas des négresses mortes, semble bien dépasser Coupeau et baver  sur le récit.

  2. le dernier extrait est l'un des passages les plus dramatiques du roman, l'agonie de Lalie.
      Jusqu'à son dernier râle, ce pauvre chat restait la petite mère de tout son monde. En voilà une qu'on ne remplacerait pas, bien sûr ! Elle mourait d'avoir eu à son âge la raison d'une vraie mère, la poitrine encore trop tendre et trop étroite pour contenir une aussi large maternité. Et, s'il perdait ce trésor, c'était bien la faute de sa bête féroce de père. Après avoir tué la maman d'un coup de pied, est-ce qu'il ne venait pas de massacrer la fille ! Les deux bons anges seraient dans la fosse, et lui n'aurait plus qu'à crever comme un chien au coin d'une borne.
         Gervaise, cependant, se retenait pour ne pas éclater en sanglots. Elle tendait les mains, avec le désir de soulager l'enfant ; et, comme le lambeau de drap glissait, elle voulut le rabattre et arranger le lit. Alors, le pauvre petit corps de la mourante apparut. Ah ! Seigneur ! quelle misère et quelle pitié ! Les pierres auraient pleuré.

    Qui s'exprime dans ces phrases, le narrateur ou Gervaise ? il y a là une empathie qui ne peut que nous gagner, et qui force l'émotion.


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